La nuit est encore jeune

Chronique

La nuit est encore jeune, c’est tout d’abord un ouvrage sorti chez Pauvert en 2017, et signé, déjà, de ce collectif emmené par Pierre Jouan et Blandine Rinkel. Cette première pierre littéraire à l’édifice « catastrophique » donne le ton de cet album atypique car c’est bien le mélange des langages qui prime ici. Entre la poésie et la chanson, la frontière est floue. L’album débute par la voix parlée de Blandine Rinkel, avant d’enchainer avec des rythmes pop, souvent langoureux, et agrémentés d’un éventail impressionnant de voix (chant solo ou chœurs) qui passent de la soul à la pop sautillante, du lyrisme au minimalisme. Audacieux au plus haut point, cet album de chansons en anglais et en français n’est pas pour autant dépourvu d’une certaine familiarité et de mélodies douces à l’oreille. Entre la vitalité de Be bop record et la suavité enchanteresse de Infiniment, Catastrophe nous prouve que l’expérimentation n’est pas toujours synonyme de dissonance et de noirceur. L’absence de résignation face un avenir proche qu’on nous promet apocalyptique, tel est le credo de Catastrophe. Ils vont même plus loin : « Puisque tout est fini, tout est permis », affirment les artistes du collectif. Grâce à cet album consolant, la peur de l’avenir n’est plus qu’un lointain souvenir. Vive la fin du monde ! ©NM/Qobuz