Lekeu: Oeuvres orchestrales I

Chronique

L'exceptionnelle précocité du compositeur belge Guillaume Lekeu, mort à l'âge tendre de 24 ans de la typhoïde, après avoir mangé un sorbet dans un restaurant d'Angers, a été maintes fois soulignée et analysée. Il a 9 ans lorsque ses parents s'installent à Poitiers où il commence à apprendre la musique en autodidacte, puis c'est à Paris qu'il commence vraiment à composer, recevant des conseils de son compatriote César Franck et, après la mort de celui-ci, de Vincent d'Indy. Le jeune liégeois est sombre et tourmenté. Son catalogue est aussi mince que sa brève existence, mais d'une intensité d'expression et d'une originalité peu communes. Influencée par ses maîtres et par les Quatuors de Beethoven, sa musique est d'une grande densité mélodique et empreinte d'audacieuses tournures harmoniques, certes propres à cette fin de siècle, mais aussi à son propre génie naissant.
Si sa Sonate pour violon et piano est passée depuis longtemps à la postérité, elle masque d'autres oeuvres très puissantes comme sa Fantaisie sur des airs angevins et, surtout, son extraordinaire Adagio pour cordes, à l'écriture divisée à l'extrême, annonçant à plus d'un titre la fin d'un univers exclusivement tonal. Bouleversant. FH