Kiriké

Chronique

Pour ses officieux cinquante ans de carrière (il a en fait chanté toute sa vie), Kassé Mady Diabaté invite le public pratiquement dans sa demeure avec un album acoustique placé sous le haut patronage du violoncelliste Vincent Ségal qui produit l'affaire. Ballaké Sissoko à la kora, Lansiné Kouyaté au balafon et Badié Tounkara au n'goni se font un plaisir d'accompagner cette voix exceptionnelle.

Dans ces conditions, le répertoire est beaucoup plus intimiste et rural que ce à quoi le bonhomme avait habitué ses admirateurs sur ses trop rares albums. Kassé Mady Diabaté n'a en effet été découvert internationalement que très tardivement au regard d'un parcours qui couvre presque six décennies. Cette simplicité n'exclut pas des moments exceptionnels comme lorsque Ballaké Sissoko sort des sonorités éminemment actuelles de sa kora sur « Ko Kuma Magni », fusionnant avec grâce tradition et futur.

Moins propice aux envolées lyriques, Kiriké offre aussi une facette plus grave et retenue de la voix de Kassé Mady Diabaté. Le chanteur est pénétré sur « Toumaro » où la musique mandingue remonte vers le nord du continent pour flirter avec le blues du désert et le style arabo-andalou. Kiriké atteint son but et fait penser à une veillée entre amis, à une session improvisée pour le simple plaisir malgré l'extrême virtuosité de chacun des participants.

La grande pureté de la voix et des intentions de Kassy Mady Diabaté pouvait difficilement trouver meilleur écrin que ce Kiriké. Un disque ancré dans le présent et respectueux du passé qui constitue un pur échantillon de musique du monde vivante de diversité.

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