Marcia Higelin

Marcia évoque une célèbre chanson des années 80 (Marcia Baïla des Rita Mitsouko). Higelin compte parmi les noms qui dorent la légende de la chanson française. Souvent pareille filiation pèse plus qu’elle n’élève. Dans le cas de Marcia, elle émancipe. L’écoute des 6 titres réunis sur Prince de Plomb, son premier EP, suffit pour s’en convaincre. 
 
Marcia chante à cœur ouvert, avec dans la voix des nuances qui émeuvent et envoûtent. Prenant accessoirement en compte le poids ou le prestige de la filiation, la jeune femme s’attache surtout à répondre à une ambition infiniment plus noble : la reconquête de sa souveraineté intime après la déchéance. Dans cette turbulente odyssée sentimentale qui a mobilisé beaucoup d’énergie négative avant d’en libérer d’autres, plus créatrices, il lui semblait essentiel de sauver l’autre pour mieux se sauver elle-même. Elle a traversé ces moments de révolte (Prince de Saba), bien décidée à ne pas devenir la nouvelle Dame aux Camélias. Avant de replonger dans les abîmes de cet amour dont on comprend alors la vraie nature tyrannique au travers d’une seule phrase : « Je ne fuis pas la mort ». Qui y a-t-il donc en effet que la mort pour confirmer un don de soi sans calcul, voir sans espérance ? Ici la profondeur du sentiment exige la sobre solennité du piano. Le dernier titre de son EP (Larmes du Crocodile) qu’elle décrit comme « la bande originale d’un rêve », signe le réveil d’une femme qui aspire à s’affranchir de « cet état de vulnérabilité ».