The Mandé Variations

Chronique

Être le meilleur joueur de kora au monde ne suffit pas. Tout est dans tout, et tout est dans la kora, instrument de tous les instruments.



A quarante-trois ans, et vingt années (bel anniversaire) après Kaira, en prodigieux enregistrement initial et premier tour de force solo, sans doute provisoirement lassé de ses exercices en big band en compagnie du Symmetric Orchestra, le griot, compositeur et virtuose de la kora Toumani Diabaté retrouve le chemin de la solitude, pour un album enregistré à Londres, mais emperlé de toute l’histoire de l’Afrique. En chemin, tout du long de ces années riches de rencontres, Diabaté a manifestement appris la sérénité, ainsi que la qualité intrinsèque de médium (de transmetteur) de son instrument. Pas de musiciens invités, pas de re-recordings ou autres spécificités de studios (simplement une grande qualité d’enregistrement, d’une indéniable pureté), mais un album classique, et plein de classe.



Le répertoire choisi balaie tradition et contemporanéité. Deux pièces retenues, composées spécifiquement pour la kora au début du siècle dernier, alternent avec la relecture d’un morceau écrit par Sidiki Diabaté, père, inspirateur, et pédagogue. Se présentent ensuite improvisations et hommage à l’ami de toujours, cet Ali Farka Touré (disparu le 7 mars 2006), prétexte à un long, serein, mais épique périple sur plusieurs niveaux de l’harmonie, où le musicien se joue de l’asymétrie. L’instrument résonne avec une richesse inouïe dans cette plongée dans la tradition de l’ancestral Empire Mandé, agrémentée de promenades sensuelles et poétiques en Inde, Espagne, ou Mauritanie. La citation au gré de ces variations du thème rebattu du Bon, de la Brute et du Truand constitue une aimable plaisanterie, un pied de nez pointant l’enfant qui s’ébroue dans chaque artiste.



The Mande Variations offrent une vraie réussite, l’album le plus personnel de Toumani Diabaté, et un monument dans l’histoire de la pratique de la kora.



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