Organique (Réédition)

Chronique

Un an après son César de la meilleure musique pour la BO du film 120 Battements par minute de Robin Campillo, c’était le bon moment pour rééditer Organique, le premier (et seul) album de Zend Avesta, un des nombreux alias du musicien nancéen Arnaud Rebotini, monté d’un cran dans la lumière médiatique. En 2000, le plus rock’n’roll des producteurs de techno français avait déjà exploré plusieurs facettes de la musique électronique avec Black Strobe, son duo avec Ivan Smagghe, Alef ou Sartrouville. Mais avec Zend Avesta, il se pose en héritier des grands compositeurs nationaux, et notamment Debussy et Ravel, loin de la French Touch à laquelle on l’a trop vite assimilé, sous prétexte qu’il était dans le même lycée que les gars de Air.

“J’essaie de m'inscrire dans une certaine démarche de musiciens français que j'admire. Je pense en particulier à Debussy et à Ravel. Cette démarche de musique française, d'ouverture et de créer quelque chose de très français avec des éléments assez extérieurs à la musique française. Le punk, la pop, le rock, la house, la musique black, le jazz, la musique classique… Pour moi, ce sont des éléments que j'utilise. Il y a des choses qui existent, des axiomes, je les associe et j'en fais ma musique”, expliquait-il à la presse à l’époque. Et si Organique sonne effectivement comme un patchwork de styles, d’instruments (avec une emphase sur les cordes) et d’invités (Roya Arab d’Archive, Philippe Poirier de Kat Onoma, Mona Soyoc de KaS Product ou Alain Bashung, qui déclame des poèmes de Jean Tardieu), il démontre avant tout l’étendue de la culture et de la palette du musicien, et son ambition de compositeur. Vu d’aujourd’hui, alors qu’Arnaud Rebotini enchaîne les projets tous azimuts (ciné, danse contemporaine, live machines…), Organique a tout d’un disque prophétique. © Smaël Bouaici/Qobuz