NINE

blink-182

explicite

Paru le 20/09/2019 chez Columbia
Artistes principaux : blink-182
Genre : Rock

Disponible en

24-Bit/44.1 kHz Stereo

Musique illimitée

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Plus que pour tout autre groupe de la mouvance pop-punk, il aura fallu à blink-182 déployer des trésors de patience et de persévérance pour opérer une mue vitale vers la maturité, ce mot galvaudé quand il s’agit d’évoquer l’effet du temps sur une carrière musicale. Quand on fait de son fond de commerce les blagues de potache, les filles et, accessoirement, les petits hommes verts, en bénéficiant des retombées d’une saga « générationnelle » comme American Pie, on ne ressort pas indemne du passage tardif à l’âge adulte. Et le public de vous renvoyer systématiquement aux paroles de l’un de vos plus grands succès : « What’s My Age Again ? ».

Cela s’est fatalement traduit pour le trio californien par de profondes divergences artistiques, menant à l’éviction de Tom Delonge et son remplacement par Matt Skiba, le leader d’Alkaline Trio. Conséquence logique, le bassiste Mark Hoppus a choisi d’endosser davantage de responsabilités et de prendre l’ascendant au micro. Mais était-il suffisamment taillé pour le rôle au-delà de sa gouaille et de son charisme naturel ? Aussi jovial paraît-il, le musicien traverse une grave dépression qui s’est manifestée en 2018, au sortir de la longue tournée qui a suivi l’album California, paru deux ans plus tôt. Impuissant face à ce mal qui le rongeait et dont il ignorait les causes, Mark Hoppus a pu compter sur sa femme et son manager pour lui indiquer la voie de la guérison.

Ce fut d’abord le projet Simple Creatures, fomenté avec Alex Gaskarth, le leader de All Time Low (on notera l’ironie du nom au regard de la situation). Un projet parallèle qui n’autorisait aucune pression, juste le plaisir de jouer pour le plaisir. L’initiative eut l’heur de focaliser de nouveau le musicien sur ses priorités : jouer avant tout pour lui et relâcher la pression inhérente au statut de blink-182. Une fois amorcée cette thérapie, rejouer avec blink-182 redevenait possible et un nouvel album put être mis en branle sans que l’humeur d’Hoppus n’affectât totalement celle du disque.

Ramassé (15 titres pour un total de 42 minutes), Nine ne s’encombre pas de fioritures, exceptés des choix de production contestables car trop léchés et calibrés. On ne s’étonnera d’ailleurs pas de la présence du duo The Futuristics aux manettes sur certains titres, lui qui s’était distingué aux côtés de Lady Gaga ou Justin Timberlake par le passé. Les autres ont été majoritairement travaillés avec John Feldmann, déjà aux côtés du trio sur le précédent opus.

Le traitement du son, grandement lissé, ancre blink-182 dans son époque, mais affecte dans une certaine mesure le punch des compositions. En témoigne « Happy Days » par exemple, où le jeu de Travis Barker perd de son éclat par les tours de passe-passe de la production, alors qu’il fait tout le sel du son du groupe. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter la variété, entre ses patterns complexes sur « Blame It on My Mouth » et son jeu de cymbales charleston sur « Darkside » par exemple.

De la même manière, on peut s’interroger sur l’opportunité du traitement vocal outrancier sur ces mêmes morceaux au demeurant extrêmement efficaces mais outragés par une production qui se plie aux canons de la pop actuelle.

Heureusement que le sens mélodique du trio est toujours intact pour préserver l’immédiateté de la plupart des morceaux. On pourra saluer la rugosité du jeu salvatrice de Matt Skiba et son passé au sein d’Alkaline Trio qui conservent un impact sur l’ensemble, comme sur « Heaven », lequel porte clairement sa « patte » ou le furieux et ultra-court « Generational Divide », propulsé par le jeu habité de Barker.

On ne pourra pas reprocher au trio de faire du surplace et de ne pas tenter des choses, « I Really Wish I Hated You » qui synthétise bien le basculement du groupe, s’affirme comme un indéniable tube malgré ses circonvolutions pop, tout comme « Remember to Forget Me » propose de nouveaux chemins avec son versant acoustique, mais ce basculement provoquera sûrement une scission entre les fans de la première heure et les nouveaux convertis.

©Copyright Music Story 2019

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