Metropolis Metropolis

Chronique

L’obsession continue : après 2000 et 2010, Jeff Mills présente en 2023 sa troisième bande originale du film Metropolis, une œuvre dont il juge les leçons toujours aussi pertinentes bientôt un siècle après sa sortie (1927). Le “Wizard” de la techno de Detroit voit dans la dystopie de Fritz Lang un avertissement pour notre monde de plus en plus digital, rappelant que dans le film, la technologie n’est qu’un outil dans les mains des humains, qui sont responsables de cette déshumanisation de la société – et qu’il ne tient qu’à eux d’y mettre un terme.

Plutôt qu’une BO classique, qui suivrait la trame du film titre par titre, cette version est présentée comme “un mix symbiotique de compositions qui propose une représentation nuancée de l’intrigue”. Après celle de 2000, composée du point de vue des spectateurs regardant l’écran, puis la mise en abyme de 2010 (du point de vue des personnages du film regardant les spectateurs qui regardent le film), cette BO est composée du point de vue des machines du film, et comme “une symphonie électronique” jouée par un orchestre de machines conduit par Jeff Mills, qui livre une demi-douzaine de pièces pour 75 minutes tour à tour hypnotiques, oniriques, politiques, cosmiques, apocalyptiques ou liturgiques. Du grand art. © Smaël Bouaici/Qobuz