Leviathan

Chronique

Christofer Johnsson, guitariste/claviériste et principal compositeur de Therion, aime bien expérimenter. Preuve en est ce fameux album, Les Fleurs du Mal (2012) sur lequel il reprenait sans ambages et en version metal certains tubes français des années 60 tels que Poupée de Cire, Poupée de Son de France Gall ou encore Mon Amour, Mon Ami de Marie Laforêt. Mais les ventes d'albums se font rares, et la fanbase de Therion a fini par donner de la voix. Johnsson a compris qu'il s'écartait de ce que son public attendait, et a décidé de corriger le tir avec ce Leviathan qui ouvre une trilogie prévue sur les trois années à venir. Ennemi de la langue de bois, le leader confesse ouvertement et sans la moindre amertume qu'il s'est « forcé » à composer ce que les gens attendent de lui. Sans surprise, on retrouve donc ici ce metal opératique pompeux et grandiloquent qui a fait le succès du combo suédois dès le milieu des années 90. Et Dieu sait que même un Nightwish paraît presque sobre en comparaison de ce mix réellement larger than life... Si quelques titres ouvertement heavy se laissent écouter sans déplaisir (Great Marquis of Hell, Psalm of Retribution...), il est parfois tendu de supporter les parties de chant de la soprano Lori Lewis, improbable Castafiore qui semble ici parachutée dans un univers parallèle. Parallèle au sien, en tout cas. Reste un album sérieux aux arrangements luxuriants, truffé de soli flamboyants et franchement réussis, qui rend un hommage avéré aux chefs d'œuvre du groupe (Lepaca Kliffoth (1995) ou encore Vovin (1998)). Tout juste aurait-on aimé un peu plus de sobriété afin d'éviter quelques extraits embarrassants, mais Johnsson et son côté « électron libre » en ont voulu autrement. La démesure fait assurément partie du concept, et les fans des tout débuts devraient adhérer sans réserve à cette version blockbuster (on a fait de gros progrès en matière de son depuis 20 ans) du Therion originel. Bombastic, comme on dirait aux Amériques. © Charlélie Arnaud/Qobuz