Invincible

Chronique

Près de quinze ans après son premier album La Main Sur Le Coeur (2005), qui fut une surprise en se classant numéro un des ventes alors que son nom n'était connu que des amateurs de rap français, Sinik est toujours présent et actif, malgré des tentatives de retrait du milieu de la musique. Après Immortel II (2015) et la mixtape digitale Drone (2017), il revient au grand jour avec ce septième album au titre qui résume son parcours : Invincible.

Dès le morceau d'ouverture, le puissant « Le Réveil », le rappeur parisien remet les pendules à l'heure et démontre qu'il n'a rien perdu de son fiel. Le titre résonne comme un hymne générationnel et tire à tout-va sur les contradictions d'une société malade. Dans « Power Rangers », Sinik se retourne sur son passé, un brin nostalgique mais lucide. Le constat est amer quand il voit ses rêves de gosse réduits à néant. Il revient au présent et à son activité de tatoueur, qui a failli l'occuper à plein temps, dans « Mes tatouages », qui racontent sa vie dans l'encre.

L'album de quatorze pistes démontre également qu'il existe une place en 2019 pour le rap réel et conscient, avec un vocabulaire rude mais franc et un sens de l'observation aigu, qui voit plus loin que le nombril de son auteur. L'une des plus grandes figures historiques du rap français partage son expérience de la rue dans « Le Silencieux » ou « 11 heures midi » et invite le jeune Rémy sur « Enfants terribles ». Parfois, le ton se fait moins dur, comme dans « Différent », mais le rappeur ne perd jamais le contrôle, même s'il adopte de nouvelles sonorités, plus électroniques. Dans « Bousillé », qui met à l'honneur le flow de Souldia, c'est un motif de piano ajoute une touche de douceur à un tableau hyper-réaliste. Rappeur sans concession, Sinik reste pertinent dans le paysage du rap français.

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