Black to Blues, Vol. 2

Chronique

On ne change pas une formule gagnante ! Fort de ce principe, Black Stone Cherry reprend le travail initié en 2017 sur son EP Black to Blues et nous envoie une deuxième salve de reprises issues de ses influences blues, soul et rhythm'n'blues. Nous ne nous en plaindrons assurément pas tant le combo du Kentucky maîtrise son sujet à la perfection, à un point tel que certains titres semblent avoir été écrits pour lui. Dès l'ouverture avec le Big Legged Woman de Freddie King, il est évident que le groove sera un des leitmotivs des minutes à venir. Le titre de 1972 trouve ici une relecture bourrée de feeling rehaussée par le piano de l'invité Yates McKendree, mais ce n'est rien comparé au désespéré Me And the Devil Blues de Robert Johnson totalement transcendé dans une version tout à fait dansable, avec le même McKendree au piano électrique. All Your Love (I Miss Loving) d'Otis Rush se voit quant lui sérieusement lorgner du côté du Black Magic Woman de feu Peter Green, plus proche toutefois du groove chaloupé de la version popularisée par Santana que de celle de Fleetwood Mac. Curieux de constater à quel point l'ADN des deux titres est proche… Down In The Bottom d'Howlin Wolf nous rappelle si besoin était que Black Stone Cherry est à l'origine un groupe de hard rock : on pense en effet immédiatement aux New-Yorkais de Raging Slab dans cette version mi-hard mi-boogie à l'orgue Hammond endiablé. Early One Morning d'Elmore James subit un sacré relooking qui voit le chant de Chris Robertson sonner parfois étonnamment proche de celui d'Eddie Vedder de Pearl Jam, quand bien même le propos musical est ici très différent. Tout aussi décalée est la version du Death Letter Blues de Son House dont le minimalisme s'efface au profit d'un rock puissant typiquement US mais gorgé de feeling. 6 titres pour 25 minutes et puis s'en vont : c'est court, mais cela suffit à donner la pèche pour la journée, tant le plaisir indubitable qu'a pris Black Stone Cherry à passer ces titres en revue est éminemment communicatif. Une vraie réussite ! © Charlélie Arnaud/Qobuz