Afrosoul

Chronique

Petit à petit, le slameur comorien de Marseille Ahamada Smis consolide et embellit le pont imaginaire qui relie son île natale à sa ville d’adoption. Dans son précédent album Origines, il pliait son flot poétique aux formes traditionnelles du twarab d’Afrique de l’Est en compagnie de musiciens natifs. Sur Afrosoul, il s’émancipe et combine les techniques et les genres. Il utilise ainsi des samples créés à partir de ses enregistrements effectués en Afrique de l’Est ou de mélodies préexistantes, comme celles de la légende du twarab Siti binti Saad, sur Achiki, Qui est mon père ?, Afrosoul, ou encore le classique tanzanien Malaïka, popularisé par Miriam Makeba. Il a ajouté des parties instrumentales, jouées par ses soins sur des instruments de l’Océan Indien : luth gaboussi, dzendze ou percussions ngoma, kayamb ou gadza.

Pour obtenir une vibe hip-hop funky, il a impliqué le bassiste Reggie Washington, le DJ Soon, le prince du Rhodes Cyril Benhamou, ainsi que ses partenaires de longue date, le guitariste Christophe Isselée et le batteur Ulrich Edorth, ainsi que le violoncelliste Emmanuel Cremer. Sa voix est au centre, seule ou accompagnée des chœurs de Laure Donnat, des featurings de la chanteuse Saleha Moudjari d’origine algérienne ou des rappeurs Boss One (3ème Œil) et Lexxus Legal de Kinshasa. Disque après disque, le chant d’Ahamada Smis, comme son flow, se précisent. Ses textes gagnent en amplitude réaliste ou en lyrisme poétique. Cerise sur le gâteau, il réussit le coup de force de donner une vie mélodique convaincante à l’un des textes les plus populaires de la poésie française, Liberté de Paul Eluard. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz