Terry Callier
Songwriter très sous-estimé, Terry Callier avait réussi, avec grande originalité, à mêler le folk, la soul et le jazz. Malgré de beaux albums durant les années 60 et 70, il sombre dans l’anonymat la décennie suivante avant que Gilles Peterson donne à sa carrière un second souffle au cours des années 90. Au point que l’humble musicien se retrouve aux côtés de Massive Attack sur le single Live With Me… Callier était de ces esthètes n’ayant jamais voulu trancher entre ses goûts. D’où cet alliage sublimissime de folk et de soul en corps à corps complet. Une voix à part…
Né à Chicago le 24 mai 1945, Terry Callier passe son enfance en fréquentant d’autres futures stars (Curtis Mayfield, Major Lance, Jerry Butler…) et en chantant dans des groupes de doo-wop. En 1962, il auditionne pour le label Chess et enregistre son premier single Look At Me Now. Le lycéen qu’il est alors fréquente assidument les clubs de folk de Chicago. La musique de John Coltrane l’influence également fortement…
En 1964, Callier rencontre Samuel Charters du label Prestige qui lui enregistre son premier album l’année suivante. La légende veut que Charters ait embarqué avec lui les bandes de cet enregistrement dans le désert mexicain pour ne les publier qu’en 1968 sous le titre de The New Folk Sound of Terry Callier…
Poursuivant sa carrière dans les clubs de sa ville natale, Terry Callier rejoint, en 1970, le Chicago Songwriters Workshop, atelier d’écriture et de composition monté par Jerry Butler. Il écrit alors des chansons pour Chess mais aussi pour Cadet, notamment un tube chanté en 1972 par les Dells, The Love We Had Stays On My Mind. Ce succès lui fait décrocher son propre contrat chez Cadet comme auteur-compositeur-interprète. Trois magnifiques albums, malheureusement sans grand succès, paraitront dans la foulée : Occasional Rain (1972), What Color Is Love (1973) et I Just Can't Help Myself (1974).
Terry Callier se produit également en première partie de George Benson, Gil Scott-Heron et quelques autres. Rien n’y fait et Cadet le remercie. En 1976, l’atelier de Buttler ferme également ses portes. L’année suivant, il signe pourtant un nouveau contrat chez Elektra où il enregistre Fire On Ice (1977) et Turn You To Love (1978) dont la chanson Sign Of The Times est utilisée comme générique par l’animateur de radio Frankie Crocker pour sa célèbre émission. Un titre qui restera comme le seul petit succès de Callier aux États-Unis.
Le songwriter continue à se produire régulièrement jusqu’en 1983 lorsqu’il obtient la garde de sa fille, se voyant dans l’obligation de trouver une vraie stabilité professionnelle. Il décroche alors un poste d’enseignant à l’Université de Chicago et prend même des cours du soir pour décrocher un diplôme en sociologie.
A la fin des années 80, Gilles Peterson passe en boucle les vieux albums de Terry Callier. Eddie Piller fait paraître sur Acid Jazz Records un enregistrement de 1983 I Don't Want To See Myself (Without You) et invite même le chanteur oublié à venir se produire dans les clubs britanniques. A partir de 1991, dès que son emploi du temps le lui permet, Callier traverse l’Atlantique et vient jouer régulièrement. En 1997, il apparait sur le EP de Beth Orton, Best Bit, et fait paraitre, l’année d’après, son album Timepeace qui décroche le prix Time For Peace attribué par les Nations Unies ! Un comeback d’autant plus étonnant chez lui qu’aucun de ses collègues de l’Université de Chicago n’étaient au fait de son génie musical…
Démissionnant de ses fonctions de prof, Terry Callier reprend le chemin des tournées et des studios. Quatre albums suivront : Lifetime (1999), Alive (2001), Speak Your Peace (2002) et Lookin' Out (2004). En 2009, Hidden Conversations avec Massive Attack parait sur le label Mr Bongo. Il s’agira de son dernier album : Terry Callier décède le 28 octobre 2012 dans sa ville natale de Chicago à 67 ans. © MZ/Qobuz
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