Johnny Winter
Avec une telle tronche, difficile de louper Johnny Winter, légende du blues rock ayant eu son heure de gloire dans les années 60 et 70... Né John Dawson Winter III le 23 février 1944 à Beaumont au Texas, deux ans avant son frère Edgar lui aussi impressionnante gâchette de la guitare blues, l'albinos aux cheveux longs apprend la musique très jeune. La légende veut qu’il ait à peine dix ans lorsqu’il donne un concert, jouant du ukulélé en chantant des reprises des Everly Brothers, en compagnie d’Edgar… A 15 ans, sous le nom de Johnny & The Jammers, il enregistre son premier disque, School Day Blues sur un petit label de Houston. C’est à cette époque qu’il assiste à plusieurs concerts de grands bluesmen tels que Muddy Waters, B.B. King et Bobby Bland. En 1968, il publie son premier vrai disque, The Progressive Blues Experiment pour Sonobeat Records.
Tout bascule pour lui en décembre de cette même année lorsque Mike Bloomfield, qu’il avait rencontré et avec qui il avait joué un peu plus tôt à Chicago, l’invite à chanter et à jouer à l’un de ses concerts qu’il donne avec Al Kooper au Fillmore East de New York. Des pontes de Columbia Records présents dans la salle sont estomaqués par la prestation du jeune bluesman. Quelques jours plus tard, Johnny Winter signe un contrat avec une avance de 600.000 dollars, la plus grosse jamais offerte à un artiste pour l’époque.
En 1969 sort son premier album éponyme, Johnny Winter, sur lequel le guitariste est entouré des mêmes musiciens que pour The Progressive Blues Experiment : le bassiste Tommy Shannon, le batteur Uncle John Turner et son frère Edgar Winter aux claviers et au saxophone. En prime, deux invités de marque : le contrebassiste Willie Dixon et l’harmoniciste Big Walter Horton. L’album comprend aussi bien des compositions originales de Winter comme Dallas mais aussi des reprises de Sonny Boy Williamson (Good Morning Little School Girl) et de B.B. King (Be Careful With A Fool).
Le succès de l’album pousse Imperial Records à signer le Progressive Blues Experiment. Le trio Winter part en tournée et se produit dans divers festival dont celui de Woodstock. Avec la présence désormais officielle d’Edgar au sein du groupe, Johnny enregistre son deuxième opus pour Columbia, le double album (à seulement trois faces !) Second Winter en 1969, avec notamment des reprises de Chuck Berry (Johnny B. Goode) et Bob Dylan (Highway 61 Revisited). C’est à la même époque que Johnny Winter sort avec une certaine Janis Joplin… Il la rejoindra sur scène lors d’un célèbre concert au Madison Square Garden de New York.
En 1970, Edgar publie l’album solo Entrance et forme son propre groupe White Trash. C’est l’acte de décès du trio. Johnny en profite pour monter un nouveau groupe avec d’anciens McCoys (le guitariste Rick Derringer, le bassiste Randy Jo Hobbs et le batteur Randy Z). D’abord Johnny Winter and The McCoys, leur nom devient Johnny Winter And, ce qui sera d’ailleurs le titre de leur premier album, plus rock que les opus précédents de Winter. Paru en 1971, l’album Live Johnny Winter And offre les prestations scéniques furibardes de ce groupe. C’est à la même époque que le guitariste sombre dans la consommation soutenue d’héroïne…
En 1973, Johnny Winter, désintoxiqué, revient sur le devant de la scène avec le bien nommé Still Alive and Well. Suivront John Dawson Winter III en 1974 et le surpuissant Captured Live! en 1976. En 1975, il part en Louisiane produire un album de Thunderhead, le groupe sudiste de Pat Rush et Bobby "T" Torello. En 1977, Winter embarque son idole Muddy Waters en studio. Le vieux bluesman enregistre alors Hard Again que produit son jeune disciple. Deux autres disques suivront (I'm Ready en 1978 et King Bee) ainsi qu’un live (Muddy "Mississippi" Waters – Live en 1979). Muddy Waters confiera avoir beaucoup apprécié le travail de production de Winter qui avait réussi à retrouver, disait-il, le son vintage de ses enregistrements Chess des années 50. De beaux disques qui permettront surtout à Waters de refaire économiquement surface…
L’après Blue Sky Records se déroulera sur divers label pour Johnny Winter (Alligator, Point Blank, Virgin, Megaforce). Il se produira régulièrement en concert et en festival aux quatre coins du monde. Son aura restera intacte, la marque Gibson réalisera un modèle à son nom (la Firebird Johnny Winter) et il sera intronisé au Blues Foundation Hall of Fame en 1988. Il meurt le 17 juillet 2014 à Zurich en Suisse à l'âge de 70 ans.
© MD/Qobuz
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