Catégories :
Panier 0

Votre panier est vide

Hermann Abendroth

Personne n’ayant été là pour entretenir sa flamme, le chef d’orchestre Hermann Abendroth a été longtemps oublié en Allemagne comme ailleurs jusqu’à sa redécouverte par quelques mélomanes et éditeurs passionnés. Ballotté par la guerre au même titre que nombre de ses collègues, il dirigea sous l’Allemagne nazie sans regimber, notamment à Bayreuth en 1943, avant de retrouver des activités en RDA (Allemagne de l’Est) après 1945.


Elève de Felix Mottl à Munich, il devient directeur de l’Orchestre du Gürzenich de Cologne où les autorités le forcent à démissionner pour cause d’amitié supposée avec le régime soviétique. Il remplace alors Bruno Walter au Gewandhaus de Leipzig, lui-même démis de ses fonctions à cause de ses origines juives. C’est l’éternel jeu dramatique entre l’art et le pouvoir.


Abendroth est le représentant d’un style velléitaire et totalement libre qui pourra dérouter les tenants d’une certaine orthodoxie. Avec ses tempi sans cesse fluctuants et la puissance démoniaque qu’il déclenche tel un Jupiter tonnant, il sème le désordre dans les rangs de l’Orchestre de la Radio de Leipzig sans respect pour la partition. Mais quel feu et quelle personnalité ! Quel vertige de le suivre et de s’abandonner à sa baguette enfiévrée, à ses pulsions vitales dictées par son seul instinct.


Pour une première approche de cet art singulier directement issu du 19e siècle, rien de tel que les Symphonies 3 et 4 de Brahms (BERLIN CLASSICS) qui sont totalement à l’opposé des tempi confortables et des interprétations banales, pour ne pas dire standards, que l’on entend trop souvent de nos jours. Ce Brahms là est tempétueux, imprévisible, violent et tourmenté. Il nous fait immédiatement comprendre tout ce que Schönberg disait à propos de la modernité de Brahms.


Si le terme d’interprétation a un sens, c’est bien dans l’art de ce chef qu’on le trouvera. On peut bien sûr de pas partager ses outrances, mais ses enregistrements nous amènent à, précisément, nous questionner sur le rôle de l’interprète en nous demandant si le sacro-saint respect que l’on voue aujourd’hui aux partitions ne conduit pas une vision figée et sans âme.


Que nous reste-t-il de lui ? Peu de traces sonores en fait, car Hermann Abendroth n’a jamais été au devant de la scène ni de l’industrie phonographique naissante. Des symphonies de Brahms, ses Meistersinger (Les Maîtres-Chanteurs de Richard Wagner) enregistrés en 1943 à Bayreuth, une galvanisante 9e de Beethoven en 1951, quelques enregistrements de radio et des enregistrements particulièrement réussis de symphonies d’Anton Bruckner. C’est peu et c’est déjà beaucoup pour apprécier un art totalement révolu dont la noire incandescence n’a pas fini de nous interpeller.


 © François Hudry/QOBUZ/mars 2018

Discographie

33 album(s) • Trié par Meilleures ventes

Mes favoris

Cet élément a bien été <span>ajouté / retiré</span> de vos favoris.

Trier et filtrer les albums