Zen Arcade

Chronique

Une écoute hâtive pourrait laisser conclure que Zen Arcade (troisième album d’Hüsker Dü) constitue la réponse de la division hardcore au White Album des Beatles (un monde d’aventures, d’ouvertures et d’innovations). Sauf que ce double album n’est pas un disque de hardcore.



Il s’agit d’un enregistrement où les préceptes du hardcore (très vite, très fort, très violent) sont appliqués à la pop, au psychédélisme, au punk, au noise rock et, grosso modo, à plus de trente années d’héritage binaire et électrique. Et le fait que ces vingt-trois chansons aient été enregistrées en prise unique (quatre-vingt cinq heures mixage compris, quelque chose comme le record du monde du cent mètres appliqué aux principes élémentaires du rock), ne doit pas occulter le choix de Bob Mould (la fièvre introspective) et Grant Hart (la fièvre tout court) de faire résonner ici piano, bandes inversées et sonorités acoustiques. Et d’interpréter avec conviction des ballades amères ou déchirées.



On a souvent avancé que Zen Arcade était un concept album : si c’est vraiment le cas, l’idée génératrice reste bien d’utiliser les canons du hardcore punk comme d’un tremplin vers autre chose (naturellement la créativité des deux de Minneapolis) plutôt que de les subir comme un carcan. L’aura de cet enregistrement dans le cœur des fans démontre amplement que le challenge s’accomplit avec talent. Un album essentiel, d’un point de vue historique et artistique.





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