Spirituals

Chronique

Pour son quatrième album solo, Santigold a choisi de voler de ses propres ailes en fondant son propre label, Little Jerk Records. Une décision qu’elle a prise durant la pandémie, alors qu’elle était coincée chez elle entourée de trois enfants. “Je perdais le contact avec l’artiste en moi, coincée dans une partie de moi qui était trop petite. Je sentais que les autres parts de moi rétrécissaient, disparaissaient”, explique-t-elle. Renouer avec la musique a été comme une libération pour l’artiste américaine, qui poursuit sur ce disque son exploration des zones grises entre pop, dancehall, R&B, hip-hop et électronique. Une fois le processus enclenché, l’inspiration lui est venue plus rapidement que jamais, entre le Covid, les incendies en Californie et le mouvement Black Lives Matter. “Je n’avais jamais écrit des paroles aussi vite.”

Spirituals, qui succède à la mixtape I Don't Want : The Gold Fire Sessions, produite par Dre Skull, le boss de l’excellent label new-yorkais Mixpack, dans une ambiance soundsystem jamaïcain, confirme la capacité unique de Santigold à rapper/toaster/crooner/chanter et à articuler des genres cousins comme le dancehall et le hip-hop avec des ambiances new wave/post-punk. On retiendra le super catchy My Horror qui ouvre l’album et ne sort plus de la tête pour la journée, High Priestess et son énergie punk, le gros swing de Shake, sorte de rythm’n’blues digital, ou Ushers of the New World, avec ses skanks au clavier smooth comme une chanson de Culture Club. A noter que Spirituals est aussi le nom de la nouvelle marque de soins et de thé de Santigold, qui a choisi de se diversifier, comme si la pandémie lui avait fait réaliser la précarité de la vie d’artiste. Un vrai album charnière… © Smaël Bouaici/Qobuz