Original Sin (Dance Dub)

Chronique

Naturellement, il ne s’agit pas ici d’une simple douzième livraison en studio (et uniquement le deuxième disque d’un ensemble orphelin) du groupe australien : amputé depuis 1997, et une disparition tragique, de son chanteur Michael Hutchence, INXS semble vouloir affronter avec Original Sin les affres du temps qui passe, et des fantômes pas toujours fréquentables (un deuil qui aura nécessité près de huit ans – et quelques essais infructueux, en compagnie entre autres de Jon Stevens -, pour trouver un subsidiaire, en la personne de JD Fortune, ici présent dans une interprétation de « The Stairs », à son emblématique vocaliste).
 
Original Sin démontre en creux que le combo n’a pas totalement réglé les problèmes de succession, dans la mesure où le programme de l’album se construit autour d’incunables absolus, interprétés par une brigade internationale de guests. Ont en effet répondu présent à l’appel l’Anglais Tricky (pour une vision très synthétique et sensuelle de « Mediate »), le très charnu et mimétique Rob Thomas (ex Matchbox Twenty) pour « Original Sin », ou l’ex petite fille prodige de la chanson américaine Nikka Costa.

En outre, et au côté de l’ex Train Pat Monahan et du très country Dan Sulta, nous aurons naturellement les yeux de Chimène pour « Never Tear Us Apart » : refrains et couplets y sont duettisés par rien moins que Ben Harper, pas forcément à l’aise face à une mélodie qui lui échappe passablement, et Mylène Farmer (en français dans le texte, mais toujours à écouter par le trou de la serrure). La langue de Molière est également représentée grâce à la collaboration de Loane sur « Mistify », talentueuse dérive amoureuse et onirique. Mais on conviendra bien vite que le sommet du disque reste sa chanson de clôture, un « The Stairs » déjà cité, où, entraîné par le chant roué de Fortune, INXS parvient à une talentueuse synthèse entre ses différentes marques de fabrique harmoniques et les acquis d’un son plus contemporain.

Ainsi, le verdict tombe imparablement : après une introduction instrumentale (seule pièce inédite de la sélection) assurée par le batteur Jon Farriss, Original Sin apparaît en fait et in petto comme un disque-hommage certes, mais bien davantage aux chansons qu’à un seul individu. Les deux années nécessaires à la réalisation de l’opus ont été en effet employées à ces réinventions assumées, moins en salut amical à une époque révolue (la jeunesse, en fait) qu’à une auto-congratulation.

INXS était donc un groupe, six copains passionnés de musique, et passionnés par la musique qu’ils parvenaient à créer ensemble : Original Sin rappelle cette évidence, et ce n’est pas là sa moindre vertu.



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