Kindred

Chronique

S'il est une qualité dont doivent faire preuve les admirateurs de Burial, c'est bien de la patience. Acclamé lors des parutions de ses deux premiers albums, Burial en 2006 et Untrue en 2007, le musicien et producteur le plus secret d'outre-Manche (si l'état civil de William Bevan est connu, de rares photos circulent) n'a depuis livré des nouveautés qu'au compte-gouttes : un maxi Street Halo et un simple avec Four Tet et Thom York tiré à 300 exemplaires, « Ego / Mirror ». Burial est aussi sorti de sa réserve pour collaborer à l'album Heligoland de Massive Attack et produire le Mirrorwriting de Jamie Woon. Autant dire que toute sortie, aussi mince soit-elle, est pour le moins guettée.

En guise de nouveauté, trois longs titres aux atmosphères toujours aussi étranges et profondes succédent au passionnant maxi Street Halo et qui, réunis, auraient fait un grand album. En lieu et place, le premier titre homonyme de l'EP Kindred déroute tout au long de ses onze minutes semées de voix hypnotiques et de beats répétitifs. Qui d'autre que Burial peut se permettre d'afficher son morceau le plus ardu en face A ?

Sur les deux autres morceaux, le Londonien dévoile d'autres facettes de son talent protéiforme. « Loner » est un titre dubstep de sept minutes aux soubassements cold wave, croisant de lointaines influences comme Joy Division et Cabaret Voltaire. Enfin, « Ashtray Wasp » diffuse sur plus de onze minutes à l'atmosphère planante des bribes de deep house originelle (Detroit style) sur fond de craquements de vinyle, des samples de voix polyphoniques et des basses profondes creusant l'espace sonore. Incurable défricheur de sons, Burial ne sait pas faire un disque pareil à un autre et celui-ci n'échappe pas à la règle.

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