KEROSENE

Chronique

Révélée en 2006 par « La Liste », Keren Meloul alias Rose dressait dans cette chanson un certain nombre d'envies à assouvir. Treize ans après, la révélation s'est muée en valeur sûre de la nouvelle chanson française grâce à une production régulière en tous points avec les albums Rose (2006), Souvenirs Sous Ma Frange (2009), Et Puis Juin (2013) et Pink Lady (2015). Pourtant, qui aurait pu soupçonner à leur écoute que leur interprète vivait une profonde détresse liée aux addictions ?

Débarrassée de ses mauvais démons, la jeune quadragénaire niçoise revient de loin. Comme elle le consigne dans ce nouvel album Kérosène et un livre autobiographique du même nom, Rose a fini par trouver la paix intérieure grâce à l'écriture et à des activités plus saines, après des excès de drogues et des séjours à l'hôpital qui ont failli lui coûter sa carrière. Dans l'un comme dans l'autre, au micro ou sur le papier, la chanteuse s'ouvre et ne cache rien de cette période sombre. Si elles accordent une place à l'introspection, ces treize chansons écrites avec concision sont loin d'être négatives et reflètent avec lucidité le passé et le présent, avec une large palette d'émotions.

En guise d'introduction, Rose résume « l'ampleur des dégâts » dans « L'Inconnue c'est moi », une confession mi-parlée mi-chantée à la tonalité plus grave que le reste de l'album, qui ne prête pas qu'à la mélancolie avec des exercices variés et réussis comme « Larmes à paillettes » et son tempo disco ou « Une bière, un croissant ». Le style folk pop des débuts qui collait à son image n'est plus qu'une étiquette parmi d'autres. Du style de ballade de « Chambre simple » au rock de « Prends soin de moi », en passant par des arrangement acoustiques ou électriques à base de violon, de piano, de synthétiseur ou d'une guitare omniprésente, Kérosène dévoile une riche palette musicale.

Dans un album où chaque morceau, chaque texte est conçu comme une vignette spécifique à un sentiment ou une phase vécue par l'artiste, des chansons se détachent plus facilement comme la belle ballade au piano « Recueille-moi », suivie de deux mélodies classiques et intimistes, « Sans ivresse » et « Les Issues de ce corps », qui évoque l'emprisonnement qui était le sien. Un titre comme « L'Horizon grand » entre en correspondance avec Kérosène, le livre, qui détaille tout son parcours. Après une lueur d'espoir au style dépouillé, « Pourquoi pas », l'album introspectif se conclut sur le lit de cordes de « Les Années diaboliques », exercice en forme d'exorcisme.

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