Fu man chu

Chronique

C’est l’un des albums majeurs de l’année 1972. Evènement rare, puisqu’il s’agit aussi d’un disque interprété en français. La courte collection (cinq chansons, mais certaines de près de dix minutes) débute par un hommage à un grand Français, cet André Citroën inventeur de la plus belle voiture au monde (selon le cœur de Robert Charlebois) : l’ID. Là où les choses se compliquent, c’est que, loin de l’ambiance compassée du Salon de l’Auto, le cousin de Montréal évoque surtout le suicide de l’industriel automobile… et débute son hommage par une citation de Charles Trenet (« Il pleut dans ma chambre »…).



Juste après, une fantaisie mexicaine (« Conception ») éclaire le panorama de coquins maracas. Puis, enfle la soif d’absolu (« Le Mur du son », profession de foi à la grandeur lyrique, voisine du « Gars ben ordinaire »), avant que ne déboule le comics musical de « Fu Man Chu », méchant mythique chipé au romancier Sax Rohmer et délire en plusieurs mouvements de capharnaüm, comme un court-métrage burlesque en musique.



Enfin, le groupe de rock, les chœurs d’anges, les ronflements de moteur et les mariachis rentrent gentiment se coucher. L’auditeur, quant à lui, contemple, hébété, cet album triste, gai, maniaco-dépressif et enjoué, frénétique et posé… et s’interroge : pourquoi oublie t’on systématiquement cet album dans la liste des cent meilleurs disques au monde ?





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