Québec Love

Chronique

Il est en colère. Il est beau, hirsute, jeune et mal rasé – mais en colère. En une seule illustration, Robert Charlebois se pose en opposition flagrante avec les gravures de mode qui tentent de séduire l’acheteur potentiel sur les pochettes de disques. Dans ses chansons également, le Québécois est en colère, comme un jeune homme écartelé entre deux cultures, noyé par les frustrations et ivre de l’envie de conquérir le monde. Ce qu’il est, en fait.



En à peine plus deux minutes, l’ouverture de l’album (« Te v’là »), en dit davantage sur l’irrépressible du désir que toutes les roucoulades. Ensuite, le chanteur chante le blues le plus sale et torturé qui soit (« Tout écartillé » et un son venu du fond du garage) ou s’amuse à faire peur (« La Fin du monde », interprété en compagnie des amis de toujours, la compagne Mouffe et Louise Forestier et Yvon Descamps). Il articule aussi avec des patates chaudes dans la bouche (« Broches de Bécik ») ou rappelle que l’élargissement des consciences passe parfois par l’usage de produits prohibés (« Sensation »).



Surtout, il compose la plus belle country song en langue française qui soit : « Les Ailes d’un ange », c’est l’appel du départ, la main sur la poignée du sac de voyage et le romantisme d’une jeunesse qui s’enfuit un peu plus chaque jour.



Pour toutes ces raisons, en 1969 (année nostalgique), Robert Charlebois est un chanteur moderne. Définitivement.





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