Dude, the Obscure

Chronique

Attention, voici la descente sublime dans l’antre obscur qui n’est autre que le cerveau de T. Hardy Morris. Originaire d’Athens en Géorgie c’est déjà un CV bien chargé qu’il peut délivrer. Membre des Dead Confederate et des Diamond Rugs suivit de deux albums solos, ce personnage étrange, mince, mécheux et au regard de lévrier cache bien son côté intellectuel. Pour son troisième album, T. Hardy Morris s’inspire d’une grande figure littéraire anglaise, Thomas Hardy, et de son œuvre Jude, The Obscure et s’amuse de parallèles entre rêves et réalité. Dude, The Obscure est certainement la création la plus sincère et la plus brute de son auteur. Au revoir les faux-semblants, les masques tombent ! C’est un univers de prime abord angoissant, nostalgique et pénétrant qui se dévoile, mais il suffit de prêter un peu d’attention pour réaliser que le garçon va très loin. Réflexion sur la nature humaine, philosophie aux tons surréalistes et psychédéliques, un jeu cérébral s’installe. Mais pas d’inquiétude, il n’est pas nécessaire d’être agrégé de philosophie pour apprécier cette partie avec Hardy qui invite sur le mélancolique Cheating Life, Living Death en précisant : « Every dream is an invitation. » Avec des titres qui ressemblent à des sujets de dissertation comme Be ou The Night Everything Changed, des distorsions de guitare ou de la steel qui ondulent avec lenteur, il procure un effet méditatif impressionnant. Toute cette magie a vu le jour au home studio d’Adam Landry à Nashville où Hardy nous donne une bonne leçon d’indie-rock et s’engage dans un nouveau voyage. © Clara Bismuth/Qobuz