Creatures of an Hour

Chronique

La rencontre entre Greg Hughes et Tessa Murray est elle-même très cinématographique, tout comme l’est leur musique. L’Américain et l’Anglaise se sont en effet rencontrés sur un quai de gare, non loin de Londres, en 2007, et sont parvenus à un accord musical qui ressemble à un pacte avec un beau diable. Still Corners est né comme ça, d’un amour des musiques de films mystérieux (on pense aux voix évanescentes si chères à David Lynch), et de la pop aérienne façon Clinic.

Le résultat est enfin écoutable sur ce Creatures Of An Hour, album de pop atmosphérique d’une noirceur brillante. La voix de Tessa Murray, fantomatique, comme perchée au dessus des nuages musicaux installés par Greg Hughes, fonctionne à merveille, comme sur le single « Cuckoo » ou sur les mélancoliques « I Wrote In Blood » et « Velveteen ». Il y a dans ce Creatures Of An Hour un sens de la mélodie, une aisance émotionnelle à la fois froide et chatoyante, qui confèrent au disque une dimension cinématographique certes, mais surtout onirique.

On pense parfois à Broadcast ou à certains aspects de Stereolab, à la scène anti-folk américaine, mais aussi aux passages ténébreux du meilleur trip hop de Bristol, non pas dans l’orchestration mais dans l’ambiance distillée par ces chansons. Creatures Of An Hour est un premier album dense, malade, presque chaotique d’où jaillit pourtant une simplicité étonnante, entre candeur et fatalisme. De la magie noire.
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