Berlioz: Symphonie fantastique, Waverley

Chronique

Fascinante Symphonie fantastique que celle d'Hector Berlioz, composée en deux mois de l'année 1830, pour l'amour de la comédienne Harriet Smithson, vue dans Hamlet et qui refusa ses avances. L'Irlandaise assista néanmoins à la représentation organisée par le compositeur et finit par unir leurs destinées...pour quelques années seulement.

Ce récit romantique à souhait illustre la passion qui traverse l'ouvage, découpé en cinq parties et, de ce fait, plus proche du poème symphonique ou d'une « symphonie à programme ». Partition révolutionnaire par sa forme et le choix des instruments dévolu à chaque mouvement, l'opus 14 titré originellement Épisode de la vie d'un artiste part d'une matière élégante, voire élégiaque (Rêveries - Passions) et passe par une Scène de bal légendaire, avant d'aboutir à la folie de la Marche au supplice et à la furie du Songe d'une nuit de sabbat. La mélodie symbolisant le coup de foudre, l'idée fixe de Berlioz (seulement âgé de 26 ans), trancende d'un bout à l'autre la composition dédiée à Nicolas Ier de Russie.

L'oeuvre a suscité de nombreux enregistrements et fut particulièrement mise en valeur par Charles Munch en 1967, Colin Davis en 1974, John Eliot Gardiner sur instruments d'époque et, par la suite, Mariss Jansons. Elle connaît un autre exégète en la personne du chef d'orchestre russe Valery Gergiev, qui l'a gravée une première fois en studio avec le Wiener Philharmoniker (Philips, 2003) avant cette prestation en public donnée par le London Symphony Orchestra, dans le cadre d'un cycle dédié au compositeur.

En grand connaisseur de l'oeuvre, Gergiev ne se l'approprie pas et respecte le nuancier de timbres développé au fil de la symphonie, donnant aux bois les subtiles couleurs des deux premiers mouvements, puis aux cordes et enfin aux cuivres la richesse sonore des trois autres scènes. L'impressionnante masse orchestrale déployée pour la dernière n'étouffe pas les variations dansantes des cordes, entraînant dans leur course folle l'ensemble des pupitres. La prise de son remarquable de clarté de cette édition audiophile (Super Audio CD et Blu-ray) ajoute à la dimension exceptionnelle de l'enregistrement, conclu par l'Ouverture Waverley (opus 1).

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