200 Million Thousand

Chronique

Good Bad Not Evil (2007), leur précédent album, les ont propulsé sur le devant de la scène garage américaine. Les Black Lips ne pouvaient pas vraiment se permettre de décevoir sur 200 Million Thousand. Ils en seraient pourtant capables, par simple principe de contradiction. Or, ces garçons survoltés ont déjà prouvé, en surmontant la mort de l’un des leurs (le guitariste Ben Eberbaugh en 2003), qu’il en faudrait plus pour qu’ils renoncent. La preuve en est avec cet excellent sixième album.

Ici, les Black Lips ne se déparent guère de leur production primitive, qui ferait passer les enregistrements lo-fi pour de la production de haute voltige. Ni du chant braillard de Cole Alexander, goguenard à souhait. De même, le groupe n’a pas perdu son sens de l’humour : les drames faussement larmoyants (« Trapped in a Basement »), les bons sentiments tournés en dérision (« Let it Grow »), les dévots ridiculisés sans vergogne (« I Saw God »)… Cependant, l’album s’écoule avec une certaine fluidité, que l’on ne trouve que depuis peu chez les Black Lips, qui ont compris qu’un album se devait d’être avant tout digeste. C’est le cas de 200 Million Thousand. De « Take My Heart » à la « chansons cachée » « Meltdown », le rock y est continuellement abrupt, les chœurs insolents et les guitares grinçantes. Le garage s’acoquine aussi bien avec le blues (« I’ll Be with You ») qu’avec le folk (« Old man »).

Les Black Lips semblent peu prêts à rentrer dans les rangs d’un rock plus sage. Fort de son anti-conventionalité, cette fine équipe n’a pas dit son dernier mot, et ne semble pas prête à baisser le son de ses guitares électriques.



©Copyright Music Story 2015