Wordsworth: Overture "Conflict" & Symphonies Nos. 1 & 5

Chronique

Pas aisé de s’appeler William Wordsworth lorsque l’on n’est pas poète de l’époque romantique (il est l'arrière-arrière petit fils du frère du poète), mais compositeur au XXe siècle ! Imaginez que Francis Poulenc, par exemple, se soit appelé Charles Baudelaire… C’est cette mésaventure qui arrive au compositeur écossais William Wordsworth, né en 1908, disparu quatre-vingt années plus tard mais compositeur de premier plan quand même à qui l'on doit une bonne centaine d’œuvres, parmi lesquelles huit symphonies écrites entre 1944 et 1986, beaucoup de musique de chambre, des pièces pour piano. Si Wordsworth n’a jamais quitté le giron de la tonalité postromantique, il n’en a pas moins accepté les influences de Sibelius, de Bartók, et surtout de Chostakovitch qu’il avait d’ailleurs rencontré en 1959 en Union Soviétique. Sa Première symphonie date de 1944 ; on y découvre un ouvrage de grande ampleur, en quatre mouvements, dans un geste souvent agressif, puissant, combatif. Wordsworth s’y tailla sa place au soleil des symphonistes de son temps. Avec la Cinquième symphonie de 1960, le contraste est saisissant : la maturité lui a fait alléger le propos, développer la richesse mélodique et aérer les masses orchestrales à la faveur d’une explosion de coloris instrumentaux. Enfin, l’album propose l’Ouverture Conflict de 1968 que l’on peut, si l’on souhaite, voir comme une pièce à programme – elle date de l’époque de l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie – même si le compositeur affirmait qu’il s’agissait plutôt d’illustrer musicalement le conflit entre l’écrasant poids de l’autorité et le désir de l’esprit humain de se libérer. Un intrigant bonhomme, qui refuse toute appartenance, toute école, dans une conception d’une grande liberté : pour lui, l’issue du conflit a été favorable ! © SM/Qobuz

« [...] Sa musique conjugue une remarquable perfection formelle, acquise auprès de Sir Donald Tovey, à une expression à la fois retenue et intense, qui le rattache au courant néoromantique (Walton, Barber) [...] Ces restitutions de deux interprétations de haute tenue, issues de la collection d'enregistrement radio de Richard Itter, fondateur de Lyrita, viennent compléter la trop rare discographie d'une figure marquante du XXe siècle.» (Classica, octobre 2016 / Michel Fleury)