There is a Tide

Chronique

Avec There is a Tide, Chris Potter fait assez fort en s’entourant de Chris Potter au piano, Chris Potter à la guitare, Chris Potter à la basse, Chris Potter à la clarinette, Chris Potter à la flute, Chris Potter à la batterie et, évidemment, Chris Potter au saxophone ! Confinement oblige, le jazzman américain s’est fait plaisir en pilotant seul tous les instruments de cet album. L’exercice pouvait n’être qu’une amusante parenthèse mais le virtuose impressionne par sa vision globale et le soin qu’il apporte à l’ensemble, tant dans l’exécution que dans la composition. « Sur le plan technique, la réalisation de cet enregistrement a nécessité l’utilisation de nombreuses compétences différentes, je n’ai jamais été aussi conscient de mes limites. En plus de la difficulté d'essayer d'obtenir de bonnes performances sur chaque instrument, il y avait le défi d'enregistrer sans studio approprié. Et, plus important encore, la nécessité de laisser la vue d'ensemble se dérouler au fur et à mesure, en prêtant attention aux détails tout en restant concentré sur l'objectif de créer un tout cohérent et unifié. » Potter a aussi l’intelligence de ne pas exclusivement centrer son disque autour de la pandémie, un thème comme I Had a Dream évoquant le mouvement Black Lives Matter. « J’essaie d’offrir une perspective musicale sur les enjeux auxquels nous sommes confrontés. L'importance de la communauté à l’heure de la distanciation physique, la nécessité d'un leadership fort, la nécessité de soutenir les membres vulnérables de la société, la relation troublée que nous entretenons avec le monde naturel et la difficulté de gérer toute la peur et l'incertitude auxquelles nous sommes confrontés. » Le saxophoniste est également conscient que son propos s’exprime sans mots. « Une partie de la beauté de la musique instrumentale réside dans la façon dont sa signification est définie par l'auditeur, mais ce sont quelques-unes des pensées que j'ai eues en la créant. » © Clotilde Maréchal/Qobuz