The Moon, the Stars and You

Chronique

Certes, depuis l’abandon de ses études de musique classique pour les parfums plus capiteux du jazz, Nils Landgren est devenu le tout premier tromboniste de la scène jazz suédoise, en particulier grâce à ses participations à de multiples sessions pour le compte d’artistes pop (ABBA), hip-hop (Wyclef Jean), ou plus proches de son idiome désormais référent (The Crusaders, Herbie Hancock). Mais ce n’est pas inique de considérer que le succès quasiment assuré de cet album ne sera pas directement la conséquence des qualités intrinsèques du leader.

Le chef d’orchestre a en effet rassemblé, à ses côtés et à celui de son quartet habituel et concitoyen, une invraisemblable brochette de stars mondiales : se succèdent en effet au fil des douze pièces du programme rien moins que l’accordéoniste Richard Galliano, le pianiste Joe Sample (l’un des fondateurs des Jazz Crusaders), la chanteuse danoise Caecilie Norby, le Brésilien João Bosco au chant et à la guitare, et Steve Gadd à la batterie, roi des sessions outre-Atlantique. Et pour faire bonne mesure, le grand Orchestre de la Radio-Télévision du Danemark et le Stockholm Philharmonic Orchestra interviennent chacun sur l’un des thèmes.

En outre, le répertoire retenu trace son sillon très majoritairement dans une belle collection de standards, aussi référencée qu’une mélodie de « Stars in Your Eyes » signée Herbie Hancock. Enfin, et suivant en cela une tendance de plus en plus prononcée dans le milieu jazz planétaire, les partitions empruntent plus souvent qu’à leur tour les chemins de la pop : ainsi, on interprète ici des airs composés par Cat Stevens (« Moonshadow »), Kris Kristofferson, ou Jimmy Webb. Autant dire qu’il aurait fallu déployer une considérable maladresse pour rater son coup dans l’affaire : ce n’est naturellement pas le cas, dans un disque distingué, racé, et sophistiqué.

Mélomane en quête de fièvre et d’urgence, passe ton chemin : The Moon The Stars and You offre en lieu et place une belle collection de ballades, dénuée de frissons inédits, mais pas de charmes. Des musiciens émérites se retrouvent avec plaisir dans un studio, et nous invitent benoîtement aux retrouvailles. Plaisant.



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