Surviving the Law

Chronique

Contre vents et marées, Nazareth poursuit son (long) chemin initié en 1968, et sort ici son 25e album ! La formation d’origine a évidemment fait long feu et connu son lot de départs, de maladies (Dan McCafferty, chanteur historique, parti à la retraite en 2013 pour cause de soucis de santé), voire de décès (le batteur Darrell Sweet, mort en 1999 d’une crise cardiaque à seulement 51 ans, en pleine tournée). Seul le nom du bassiste Pete Agnew figure encore et toujours au générique depuis cinquante-quatre ans. Mieux : depuis 1999, son propre fils Lee a intégré le groupe à la batterie. Difficile d’imaginer une section rythmique plus soudée : l’ADN parle.

Nazareth, en 2022, ne sonne pas passéiste le moins du monde. On sent que la nostalgie n’est pas la préoccupation première du quartette, comme le prouve la production rutilante de Yann Rouiller, qui donne au groupe un son plus américain qu’écossais. De même, le chant de Carl Sentance (ex-membre de Persian Risk et du Geezer Butler Band, qui a intégré le combo en 2015) ramène tout droit à des voix bien connues aux Amériques, telles que celles de Jack Russell (Great White) ou, très souvent, Axl Rose (pour l’anecdote, Nazareth fait partie des groupes favoris du vocaliste de Guns N’ Roses). Loin de ratisser le même lopin de terre depuis des dizaines d’années, les Écossais proposent une version franchement contemporaine d’un hard rock inspiré, tubesque et entraînant, exempte de déchets, et qui peut toujours concurrencer des groupes bien plus jeunes que lui (d’un autre côté, les plus vieux ne sont pas légion). Si la carrière de Nazareth a été discrète et pauvre en frasques débridées, on y verra peut-être la raison de cette santé musicale exceptionnelle. Les gars ont toujours tous leurs neurones.

Décidément, la vieille garde ne semble pas prête à se rendre. Fluctuat nec mergitur. Et avec des albums de la trempe de ce Surviving the Law, ne comptez pas sur nous pour la pousser vers la sortie, car sortir un tel disque après plus d’un demi-siècle d’existence relève du miracle. Chapeau, et respect. © Charlélie Arnaud/Qobuz