Stolen from Strangers

Chronique

Il a travaillé avec la danseuse Pina Bausch, le metteur en scène et plasticien Bob Wilson, et le chorégraphe Philippe Decouflé, et c’est bien. Il va travailler avec Grace Jones (le retour), et l’ex Talking Heads David Byrne, et c’est bien, aussi.



Roi japonais de l’ameublement musical (on lui doit les musiques de plusieurs campagnes de publicité pour Sony), et trompettiste de formation (il est passé par la prestigieuse Berklee College Of Music de Boston, est devenu monomaniaaque du jazz, avant de convenir qu’il était d’autres plaisirs, ailleurs), Jun Miyake est avant tout un voyageur impénitent, traçant l’itinéraire de ses douces harmonies par monts (la suavité et la langueur brésilienne, langue et musique confondues, en particulier grâce à la collaboration avec l’ami de toujours Arto Lindsay, ici présent sur quatre pièces), et par vaux (les troubles ondulations électroniques des studios, et les vagues irisées de la trompette de son maître, le chef de file du jazz nippon Terumasa Hino).



Adepte de la beauté (l’iconographie du livret de cet album est assurée par rien moins que Jean-Paul Goude), il l’est tout autant de tous les horizons musicaux. Et c’est sans nul doute pour cette raison qu’il a ouvert grandes les portes de son treizième (on n’a pas vu le temps passer) album.



Se succèdent ainsi en français dans le texte les mots rauques d’Arthur H et sa comptine pour enfants pas sages, ou l’histoire d’un voleur de poules par le manouche à guitare Sanseverino. Et aussi des choeurs bulgares, la plus parisienne des chanteuses originaires du Vermont Lisa Papineau, un journaliste connexionneur – Rémy Kolpa Kopoul – le guitariste de Manaus Vinicius Cantuaria, et quelques autres.



Le danger potentiel (un résultat hétéroclite jusqu’au disparate) ne résiste pas à ces musiques de voyage, et au respect qui sous-tend l’entreprise : Miyake est sophistiqué dans ses approches certes, mais surtout délicat, et nuancé dans ses choix harmoniques et mélodiques. Comme le titre de l’album l’indique : des airs volés aux étrangers, mais rendus au monde.

 



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