Soirées de Vienne

Chronique

Dans ce programme où s’entremêlent Franz Schubert, avec sa deuxième série d’Impromptus (D. 935), et Franz Liszt, avec deux extraits des Soirées de Vienne – valses-caprices où resurgit le souvenir de Schubert – ainsi que la bien plus rare Valse-Impromptu en la bémol majeur (S. 213, 1852), l’excellent pianiste Gábor Farkas paysage une partie de l’esprit de la Vienne du début du XIXe siècle, jusqu’aux souvenirs de la musique de divertissement. Il inclut aussi la grande paraphrase d’Alfred Grünfeld (1852-1924) sur des thèmes de Johann Strauss fils.

Ne vous attendez pas forcément à une promenade heureuse ou à un rêve éveillé. Vous entendrez ici une vision très noire, sombre et implacable, des Impromptus, qu’exhausse la prise de son de Domonkos Timár, à la fois très proche du clavier et peu sensible aux résonances de l’instrument. Gábor Farkas fuit ici la tendresse, refuse volontiers les effusions lyriques comme les emportements enflammés (Allegretto). Ce piano, comme refermé sur soi, se recentre sur la beauté nue des lignes, et le ton dépouillé des structures. Sous les doigts du pianiste hongrois, les Soirées de Vienne de Liszt n'entretiendront que bien plus encore le mystère schubertien, au-delà du raisonnable. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz