Sequana

Chronique

Dans la mythologie de la Gaule celtique, Sequana est une déesse dont on ne sait pas grand-chose, sinon que son nom et son culte sont associés aux sources de la Seine. En titrant ainsi son dixième album, la chanteuse Souad Massi annonce ce qu’on va y entendre : de l’eau vive en musique, un flux de chansons fluides impossible à apprivoiser, où l’art ancien de la chanson trouve à se ressourcer. Adoptée par la France il y a une vingtaine d’années, l’Algérienne envisage toujours, et plus que jamais, sa musique comme un art de la variété. Sur cet album subtilement produit par l’Anglais Justin Adams, elle papillonne du folk en arpèges acoustiques au rock, en passant par la bossa sautillante, la chanson française, le chaâbi algérien, la country et même une reprise du Hurt de Nine Inch Nails (immortalisée il y a vingt ans par Johnny Cash).

Et bien sûr, ses chansons ne se résument jamais à des exercices de style ou des clichés exotiques. Souad Massi transcende les genres, les influences et les langues, réinventant un espéranto musical universaliste, qui donne de l’espoir à l’heure des replis et des injonctions à choisir son camp. Chaque morceau est différent du précédent, tout en ne ressemblant qu’à Souad Massi, qui fait preuve d’une gourmandise d’esthète et d’experte dans le choix des arrangements et des collaborateurs. Epaulée sur quelques morceaux par Piers Faccini et la flûtiste Naïssam Jalal, Souad Massi délivre un album élégant, simple et intemporel. Le tout chanté par une vieille et belle âme à voix de jouvencelle. © Stéphane Deschamps/Qobuz