Sabaneyev: The Complete Works for Piano, Vol. 2

Chronique

C’est avec ce second volume que le pianiste Michael Schäfer referme l’intégrale hélas bien courte des œuvres pour piano de Leonid Sabaneïev (1881-1968), un compositeur quelque peu oublié de nos jours sans doute, alors que cette musique mérite cent fois d’être redécouverte. Sabaneïev est né à l’époque tsariste, est mort à celle des Beatles, et a traversé son existence en côtoyant Alexandre III (son père était écuyer à la cour), Tolstoï, Tchekov, Rachmaninov, les Cinq, Lénine et une fois exilé en France en 1926 – officiellement pour voyage d’études, puisqu’il était aussi, surtout même, mathématicien et physicien, en fait pour fuir l’horreur communiste – Ravel et Stravinski parmi tant d’autres. Ah oui : il côtoya également Taneïev qui fut son professeur de composition, Rimski-Korsakov pour l’orchestration, et surtout, surtout Scriabine. À telle enseigne que ses œuvres de l’époque scriabinienne portent immanquablement la griffe de cet insaisissable génie – les Cinq esquisses de 1914 ou la Sonate « à la mémoire de Scriabine » en témoignent –, mais Sabaneïev sut s’en éloigner au fur et à mesure, de sorte que sa monumentale Passacaille et Fugue, achevée en 1939, déroule un langage tout à fait différent, moins chromatique sans doute tout en évoluant vers un atonalisme très personnel. Voilà bien un bonhomme fascinant, et dont l’œuvre mérite cent fois d’être tirée de l’oubli, cinquante ans après sa disparition. © SM/Qobuz