Phaedra

Chronique

Sans nul doute la pièce maîtresse des premières années de Tangerine Dream, et, partant, d'un pan entier de l'histoire du rock allemand, de la musique progressive, et de tout ce que l'on voudra d'autre, Phaedra offre un voyage au sein des traditions de compositions classiques, de l'inconscient occidental, et des capacités technologiques d'une instrumentation électronique alors naissante.

Outre un périple sentimental signé Edgar Froese (« Mysterious Semblance At The Strand Of Nightmares ») et une courte pièce rythmique due à la plume de Peter Baumann, deux suites d'envergure alimentent cet enregistrement historique : particulièrement audacieuse, « Movements Of A Visionary » s'enrichit de l'apport de voix travaillées en studio à l'aide de filtres et effets divers.

Quant à la pièce-titre, elle mêle les bruits du quotidien à la soie des mellotrons et des synthétiseurs, dans une effervescence apparente, sous-tendue par un rigoureux travail d'écriture. Fait exceptionnel, le trio, seul maître à bord, n'accepte ici aucun invité, se succédant aux différents pupitres des claviers, du WC3 à l'orgue, en passant par le piano électrique.

Circonstance encore plus étonnante, Phaedra rencontrera un large public de par le monde, allant jusqu'à négocier une incursion - timide, certes, mais avérée - dans les charts américains de musique...pop. Cet album n'en reste pas moins une pierre angulaire du genre, d'une éclatante modernité quatre décennies après son enregistrement.



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