Nowowiejski: Orchestral Works

Chronique

La musique polonaise a bien d’autres cordes à son arc que les seuls Chopin, Szymanowski, Lutosławski et Penderecki et (une seule symphonie de) Górecki. Ainsi Feliks Nowowiejski (1877-1946), surtout reconnu de nos jours pour son oratorio Quo vadis et le chant patriotique Rota, ainsi que plusieurs œuvres pour orgue. Son œuvre symphonique, dans l’ombre hélas de Szymanowski, est rarement jouée et n’a jamais été enregistrée dans sa grande majorité. Cet album, grâce aux efforts de l’Orchestre philharmonique de Poznan sous la direction de Łukasz Borowicz, vient avec bonheur combler cette lacune dans la connaissance de la musique polonaise de l’entre-deux-guerres. On y découvre les Symphonie n° 2 Op. 52 et n° 3 Op. 53 de 1938-1940 – la Première ayant disparu, elles sont parfois appelées « n° 1 » et « 2 », confusion possible, d’où l’importance des numéros d’opus dans ce cas précis ; d’autant que les 3e), 4e et 5e sont toutes de 1904, bien antérieures !

Ce sont donc ses deux seules symphonies de maturité. La Première, dans un très intrigant langage à la limite de la tonalité, sans la moindre intrusion dans le langage populaire polonais, porte le titre de « Rytm i prac », autrement dit « Rythme et travail » ; la partition comporte surtout une considérable partie de percussion, un véritable concerto en vérité. On y pourrait éventuellement y déceler quelques influences françaises, de Milhaud, Honegger et encore plus Roussel bien sûr dans l’aspect motorique et implacable du discours – tout à la fois jubilatoire et irrésistible. La Troisième, « Siedem barw Iris » (« Sept couleurs d’Iris »), évoque la divinité de l’arc-en-ciel Iris. Ainsi qu’on peut l’imaginer, Nowowiejski déroule une impressionnante palette de couleurs orchestrales, bien plus que les sept du titre. Là encore, le langage irrésistible n’est pas sans rappeler Roussel, dans une exubérance de thèmes, d’harmonies et de rythmes. Une musique à découvrir d’urgence, et à placer au niveau – au moins – de celle, plus connue de nos jours, de son contemporain Szymanowski. © SM/Qobuz