Not Fragile

Chronique

Comment un tel groupe de heavy rock a t-il pu être ainsi ignoré au-delà des frontières du continent Nord américain demeure un mystère de l'histoire du genre. Le quatuor possédait tous les atouts : la puissance (surtout vocale), l'instrumentation et l'originalité avec des chansons aux arrangements sophistiqués, parfois pop, deux chanteurs aux timbres différents dont l'un (Randy Bachman) un guitariste souvent déroutant, et bien entendu de sacrés bons morceaux.



Et à plus forte raison un tel album ! En France, la cause réside sans doute dans le fait que Phonogram la compagnie distributrice du Mercury américain, avait pressé le 33 tours localement en l'insérant dans une pochette double gaufrée importée des Etats-Unis, empêchant des réapprovisionnements rapides et à moindre coût. La production (signée Randy Bachman) est un modèle et n'a absolument pas vieilli, aidée par un mixage à enseigner dans les écoles. La prise de son des guitares est particulièrement réussie, rendant justice aux riffs tortueux de Randy Bachman et aux entrelacs avec celle du nouveau guitariste Blair Thornton, au son proche de celui de Malcolm Young d'AC/DC.



Trois titres sur les neuf se détachent du lot, « Not Fragile », très inspiré par le hard rock britannique (Black Sabbath), et les deux hits : « You Ain't Seen Nothing Yet » : n°1 immédiat aux Etats-Unis le 9 novembre 1974, à l'embarras de son auteur Randy Bachman qui l'avait bien copié sur les accords du « Baba O'Riley » de The Who pour un titre de travail en studio non destiné à la publication, et sur lequel il avait apposé un texte simpliste mais au refrain accrocheur, et un boss de Mercury l'ayant entendu, avait insisté pour son inclusion dans l'album et sa parution en 45 tours. Aujourd'hui encore elle fait partie de la mémoire collective, utilisée par le parti Démocrate pour les élections à la chambre des représentants en 2006, puis en fond sonore de spots publicitaires en 2008.







« Roll On Down The Highway » est par contre un vrai joyau de pop rock, voire de « power pop » : shuffle jouissif de bout en bout qui ne doit lui, rien à personne, hymne incontournable à la route, au riff de guitare simple introduisant un solo excitant et fort bien ficelé, le genre de récréation qu'on aime à se passer en boucle... Ce groupe, fierté rock du Canada, connaissait la consécration avec ce troisième album au titre menaçant, n°1 le 19 octobre 1974 aux Etats Unis.





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