Molecule

Chronique

Sharko est un groupe malin, porté à bout de voix par un savant presque fou qui se donne les moyens de ses ambitions. Non que les albums de Sharko nécessitent de grands budgets (au contraire David Bartholomé crée à un rythme si effréné que les disques du groupe sont souvent enregistrés dans l'urgence), c'est davantage de variété des styles dont il s'agit ici. Des pièces dépareillées qui tiennent ensemble et s'écoutent facilement les unes après les autres, grâce au travail en studio du français, Dimitri Tikovoï habitué aux projets éclectiques (le producteur de Goldfrapp et Placebo est aussi l'initiateur du projet Trash Palace).
 
Alors que l'on entre dans l'électro-pop de Sharko comme à travers un nuage de fumée (le morceau d'ouverture « Bug » flirte avec le trip-hop) la batterie prend progressivement ses quartiers (« Sweet Protection ») et la basse découpe le brouillard au couteau pour exploser dans le rythme répétitif et rageur de « Trip », taillé pour la scène. Une machine à danser imparable, pourtant désarmante de simplicité. Le rock c'est ca aussi. De la courte durée des titres (moins de trois minutes en moyenne) naît un sentiment d'urgence qui tient en haleine (« Sugarboy »).
 
Ils ne sont que trois et pourtant, comme The Police, à qui Sharko aime être comparé, ils savent ouvrir des horizons nouveaux au détour d'un refrain. « Love Is A Bug » dresse dans le lointain le décor d'un cabaret enfumé et enfin « No Contest » se prend les pieds dans le piège de la belle ballade pop-folk enrobée de violons, celle qui fait reprendre courage, les larmes aux yeux. « No contest I am the best », clame Bartholomé comme pour s'en convaincre.
 
Molecule est un album qui a tout pour plaire pour peu que l'on soit sensible au rock en général ou rock belge en particulier. Il prend tous les visages de ce genre polymorphe. Molecule a été qualifié de « bombe » par le quotidien belge Le Soir et est, sans conteste, l'album qui a confirmé la stature internationale de Sharko.



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