Mahler: Symphony No. 3 in D Minor

Chronique

Aimant passionnément Mahler au point de s’identifier souvent avec lui, Leonard Bernstein laisse de nombreux enregistrements, d’une puissance d’expression portée à son paroxysme voire à l’outrance. « Quand je dirige les œuvres de Mahler, il me semble jouer les miennes », disait-il. Le parcours de Bernstein, génial chef et compositeur, peut se comparer en effet en de nombreux points à celui de Mahler, ne serait-ce que par leurs références communes au judaïsme et l’emploi d’éléments populaires allant jusqu’au trivial qu’ils incorporent tous les deux dans leurs compositions.
Cette Troisième Symphonie, enregistrée au Manhattan Center le 3 avril 1961, fait partie du premier cycle mahlérien de Bernstein et n’a rien perdu de son pouvoir de séduction. Épaulée par une prise de son superlative et un remastering stupéfiant, elle reste un des enregistrements mahlériens les plus réussis du chef américain.
Ce véritable hymne païen à la nature est ici frémissant de vie. L’arrivée de l’été, les fleurs de la prairie, les animaux de la forêt, les anges sonnant les cloches du matin et les joyeux enfants clamant leur bimm-bamm innocents et émerveillés sont ici réunis en une sorte de film imaginaire où la naïveté d’un monde encore vierge côtoie la découverte de l’Amour avec le grand lied pour voix d’alto écrit sur le Zarathousrtra de Nietzsche, et interprété ici par Martha Lipton, qui le chante avec une grande émotion. Cette gigantesque symphonie a vraiment trouvé ici un de ses meilleurs interprètes. © François Hudry/Qobuz