Knockout

Chronique

Certains titres sont prémonitoires et celui de cet album en fait indubitablement partie. Toots se rend compte qu'il est en train de passer à côté de l'explosion du reggae et, malgré le très bon Live, enregistré le 29 septembre de l'année précédente au Hammersmith Odeon de Londres, sa carrière se traîne.

Les albums studio de Toots and the Maytals ne rencontrent pas le même succès que ceux de ses concurrents, les groupes de reggae anglais pointent leur nez, cet homme fier se sent rejeté. Il se travestit en boxeur poids lourd sur la pochette, s'éloignant là aussi des codes reggae. Toots a une démarche artistique trop singulière, son label le suit peu ; seule la scène est son royaume. A ce jeu, il s'essouffle vite et son travail de compositeur en pâtit nettement.

Pourtant sur Knock Out, il tente de reprendre la main et truffe la première partie de l'album de références au rastafarisme. Toots est ambigu sur ce sujet, profondément religieux, grand amateur d'herbe, il n'arbore pas les dreadlocks et se dit mollement « rasta ». Reste que les meilleures compositions de l'album (« Careless Ethiopians », « Revival Time » ou « Never Get Weary ») sont du reggae roots de très haute teneur.

Les autres titres sont plus soul, la véritable inspiration de Toots. Knock Out est le dernier album des Maytals originaux, le dernier album pour Island, le dernier album d'un homme meurtri qui va vivre près de vingt ans de concerts, de rééditions, de compilations.

Toots est désormais enfermé dans le passé, avant de ressurgir comme l'un des derniers pionniers, encore vigoureux et créatif.



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