Italian Postcards: Wolf, Mozart, Borenstein, Tchaikovsky

Chronique

La réunion est pour le moins hétéroclite, mais elle suit la mode actuelle des albums thématiques. Le fil rouge de celui-ci est l’amour de l’Italie exprimé par les nombreux musiciens étrangers venus la visiter et s’y imprégner. Présenté comme une carte postale nostalgique des années 1960, ce nouvel album du Quartetto di Cremona saute de la lumineuse Sérénade italienne d’Hugo Wolf au tout premier Quatuor en sol majeur, K. 80 composé par Mozart à l’âge de quatorze ans et qui n’est italien que par son lieu de composition, une auberge de Lodi, en Lombardie. Commençant curieusement par un adagio rêveur, dont le principal motif mélodique sera repris par Mozart dans son Concerto pour flûte et harpe, il se poursuit dans une écriture déjà étonnamment sûre et affirmée. Le quatrième mouvement, un rondeau à la française, sera ajouté quelques années plus tard, de retour à Salzbourg.

Commandée par la Quartetto di Cremona expressément pour ce projet, la brève pièce Cieli d’Italia (2019) de Nimrod Borenstein superpose les strates de divers styles en créant une mini-encyclopédie sonore racontant à sa manière l’histoire de la musique en sept minutes. Composition très effusive dans laquelle défilent valse et tango dans une hyper expression sans doute suggérée par la beauté des ciels italiens.

« C’est affreux comme je suis content de moi » écrivait Tchaïkovski à son frère Modeste à propos de son Sextuor « Souvenir de Florence », une des rares œuvres parfaitement heureuses de ce compositeur torturé. C’est en effet une grande coulée de joie de vivre qui semble traverser cette œuvre splendide dont le point culminant est le sublime duo amoureux de l’Adagio cantabile. Pour réaliser cette interprétation passionnée, les quartettistes italiens ont fait appel à Ori Kam, l’altiste du Quatuor de Jérusalem et à Eckart Runge, le fondateur du Quatuor Artemis. © François Hudry/Qobuz