Ireland, Bax & Delius: English Tone Pictures

Chronique

La musique de certains compositeurs britanniques a parfois du mal à traverser la Manche. C’est le cas pour les trois compositeurs de cet album « English Tone Pictures » décrivant les paysages anglais et magistralement enregistré en 1967 par EMI, avec Sir John Barbirolli à la tête de l’Orchestre Symphonique de Londres.

John Ireland (1879-1962) faisait partie, tout comme Sir Arnold Bax (1883-1953), de cette mouvance suivant la trace de Sir Edward Elgar. Issu d’une famille fortunée, Ireland a toujours composé selon son bon vouloir sans soucis pécuniaires. Attiré par la magie et par une certaine mystique, il s’est souvent inspiré des légendes anglo-normandes. S’agissant d’une pièce composée à la suite d’un concours du Crystal Brass Band en 1934, la London Ouverture en tête de cet album fait exception à la règle. Retravaillée plus tard pour orchestre, elle évoque plutôt les virées de quelques citadins noctambules.

Toute la musique de Sir Arnold Bax est imprégnée d’un romantisme largement inspiré par le monde celtique et l’Irlande. Son poème symphonique Tintagel de 1917, aux résonances résolument debussystes, évoque ce sombre château perché sur une falaise battue par les vents avec une orchestration luxuriante particulièrement bien rendue sous la baguette de l’illustre maestro Barbirolli.

D’une génération antérieure, Frederick Delius, né de parents allemands, passa la plus grande partie de sa vie aux États-Unis et en France où il mourra en 1934. Sa musique, complexe et sensuelle, fut soutenue par Sir Henry Wood et, surtout, par Sir Thomas Beecham auquel sa gloire posthume doit beaucoup. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit l’arrangement orchestral de Walk to the Paradise Garden (Promenade vers le jardin du Paradis) extrait de l’opéra Roméo et Juliette au village. Son poème symphonique A Song of Summer et le prélude de son opéra Irmelin viennent compléter ce passionnant programme exaltant le romantisme tardif qui nimbe toute la musique anglaise de cette époque d’une manière si particulière. © François Hudry/Qobuz