Inviolate

Chronique

Steve Vai revendique aujourd'hui une liberté artistique totale, et à plus de 60 ans, il ne viendrait l’idée à personne de lui en tenir rigueur. Le cru 2022 de Maître Vai s’écrit tout en nuances et fait la part belle aux atmosphères aériennes. De la technique, certes, mais qui jamais ne prend le pas sur la mélodie et sur la recherche de la note qui va attraper l’auditeur par là où ça chatouille. Little Pretty, sorti en single, en est la parfaite illustration. Vai est toujours le virtuose que l’on sait, mais l’esbroufe n’a pas sa place sur Inviolate. Même Teeth of the Hydra, composé spécialement pour être joué sur Hydra, le dernier caprice du Maître (un instrument comportant un manche de guitare douze cordes, un manche de guitare six cordes, un manche de basse à moitié fretless, douze cordes de harpe et un sampler) ne sonne pas ostensiblement « compliqué » (tout est bien sûr relatif). Le jazz-rock s’invite même à la fête sur Apollo in Color et son solo de basse tellurique. Candle Power épatera les techniciens tout en charmant les néophytes, tandis que Greenish Blues et Sandman Cloud Mist fourniront une parenthèse lénifiante de grand luxe, Vai excellant depuis toujours dans les pièces plus intimistes.

Plus « passe-partout » de prime abord, Inviolate se révèle rapidement addictif. Il présente un Steve Vai bien dans ses bottes qui n’a cure de ce que l’on attend de lui. Faire ce qui lui plaît lorsqu’il en a envie est aujourd’hui sa seule préoccupation. Les « shredders » invétérés seront de la revue, mais sa discographie est tellement riche qu’il est toujours possible de revenir quelques années en arrière pour le réécouter faire des cabrioles ou des concours de vitesse. Aujourd’hui, il est zen et serein. Ce qui, dans cette période chaotique, offre une respiration bienvenue. © Charlélie Arnaud/Qobuz