In Heaven

Chronique

Pop songe. Voilà le terme qui pourrait résumer de manière à la fois arbitraire et pertinente, la musique de Twin Sister. Car les cinq membres de ce groupe originaire de Long Island (et à moitié basé à Brooklyn) ne semblent pas avoir rangé leurs rêves d’enfants au placard, conférant un complexe de Peter Pan à leur premier album, In Heaven.

Premier indice : des synthétiseurs au son remarquablement travaillé dans les échos et les émotions, frôlant volontairement le kitsh à chaque seconde. Deuxième indice : la chanteuse Andrea Estella conte ses rêves et ses cauchemars, ses désirs enfouis et ses envies inavouées. Troisième indice : des mélodies toujours simples, sans (trop de) chichis mais pourtant coquettes, dotée d'une indéniable aura romantique.

La lune brille haut dans ce ciel-là, mais, loin de s’en tenir à une mélancolie électro-pop de bon aloi, Twin Sisters insuffle une énergie solaire à l’ensemble de son premier essai. Ici, il est de bon ton de passer de la soul enjouée et molletonnée (motownée ?) de « Bad Street » à la ballade étrangement métallique de « Kimmi in a Rice Field ». Ou de mixer bande originale de wester spaghetti à une pop d’obédience nippone dans un seul et même titre, le charmant « Gene Ciampi ». La bulle synthétique qu’est « Space Babe » répond au groove racé de « Stop », et la comptine méditative « Luna’s Them » s’acoquine avec la majesté affirmée de « Spain ». Enfin, le brillant « Easter Green » chanté par Eric Canderna marie la froideur de New Order à la douceur de Sigur Ros – rien que ça.

Ne se pliant pas aux contraintes génériques et faisant preuve d’une intelligence percutante, la pop de Twin Sister se travestit autant qu’elle le souhaite, sans que l’auditeur n’ait à redire. Mieux encore, ce dernier peut s’immerge entièrement dans cette bulle multicolore et faussement artificielle qu’est In Heaven, véritable antidote à la morosité ambiante.




©Copyright Music Story 2015