Impression

Chronique

Porté par des mélodies et un piano néoromantiques, ce premier EP d’Adrien Legrand n’est pourtant pas un objet doucereux. Les paroles y évoquent la mélancolie et les doutes abyssaux du jeune homme d’origine caennaise, ce qu’il exprime à travers l’image hitchcockienne de l’acrophobie (Là-haut), ou des citations aux accords décadents de Serge Gainsbourg (De Belles Histoires). Même s’il n’évite pas certains tics d’une pop doucement ironique (solo de saxophone, utilisation du mellotron…), l’écriture musicale d’Adrien Legrand frappe par sa singularité et sa complexité. En attestent ces ponts magistraux qu’il développe façon krautrock, et dans lesquels la suavité se déglingue progressivement pour laisser la place à une atmosphère plus délétère. Adrien a beau ne pas s’appeler Michel, on ne peut s’empêcher d’apposer des images cinématographiques à cette Impression si séduisante. Plus proche d’un Claude Lelouch première période (Notre Amitié évoque immanquablement la musique et le thème de Robert et Robert) que d’un blockbuster hollywoodien, l’univers d’Adrien Legrand happera l’auditeur jusqu’au générique de fin. © Nicolas Magenham/Qobuz