Fröhlich: String Quartets

Chronique

Si la sphère germanophone connaît, sans même le savoir, une œuvre du compositeur suisse Friedrich Theodor Fröhlich (1803 – 1836), c’est la chanson « Wem Gott will rechte Gunst erweisen » avec sa scie-refrain « fallali, fallala ». Mais ce serait bien mal juger Fröhlich que de s’arrêter à cette jolie bluette. Fröhlich passa quelques années d’études à Berlin, puis retourna en 1830 dans ses montagnes suisses pour tenter de se tailler une carrière helvétique. Mais de bête poste d’enseignant d’une école cantonale, de chef d’orchestres d’amateurs, il ne réussit guère à faire sa place, ce qui ne l’empêcha nullement de composer frénétiquement : une ouverture de concert, de la musique de chambre, des pièces pour piano et des mélodies à plusieurs voix. Les difficultés financières et une vie privée chaotique ne firent rien pour enrayer la profonde dépression qui le mena, en octobre 1836, à se suicider... Voici ses trois quatuors, dans un style à la fois mendelssohnien dans l’écriture, italianisant pour certaines tournures (à moins que ce soient des mélismes helvétiques ?), souvent assez sombre même dans les passages que l’on pourrait penser assez gais – « fröhlich », d’ailleurs, ne signifie-t-il pas « joyeux » ? Un musicien qui en a plus dans son sac qu’on pourrait le croire, et que l’on peut découvrir ici sous les talentueux archets du Beethoven Quartet. © SM/Qobuz