Erkin: Symphony No. 2, Violin Concerto, Köçekçe

Chronique

En 1925, Nadia Boulanger vit arriver un étudiant compositeur d’un pays un peu plus rare, la Turquie. Ulvi Cemal Erkin (1906 – 1972), l’un des pionniers majeurs de la musique classique turco-occidentale, intégra dans ses œuvres les accents de son pays au même titre qu’un Khatchaturian le fit pour l’Arménie, plus ou moins à la même époque d’ailleurs, mais hélas sans le soutien massif d’un establishment tel que l’URSS qui s’attelait à promouvoir mordicus les diverses caractéristiques nationales des diverses « républiques » soviétiques. C’est donc à la force de son seul poignet qu’Erkin se tailla une place prépondérante dans la Turquie moderne, tout en rayonnant à travers l’Europe : c’est par exemple le Philharmonique de Munich qui créa sa Deuxième Symphonie et le violoniste hongrois Licco Amar qui créa son Concerto pour violon, deux œuvres ici présentées par l’Orchestre d’Etat d’Istanbul. Une musique endiablée, aux rythmes complexes (qui n’auraient pas déplu à un Bartók dont certains accents, d’ailleurs, ne manquent pas d’influences ottomanes), dans une tonalité poussée à ses extrêmes et des lignes mélodiques sinueuses empruntées au folklore de toute la Turquie, voilà ce que nous offre ce compositeur que l’on aimerait découvrir aussi sous les doigts d’orchestres français. © SM/Qobuz