Debussy

Chronique

Naturellement, tout le monde n’aime pas les excès de Stokowski, ses arrangements… personnels avec quelques partitions auxquelles il a retranché ou ajouté tel ou tel détail de son cru. Il n’en reste pas moins que peu de chefs furent d’ainsi phénoménaux meneurs d’orchestres, avec une véritable conception de ce qu’ils jouaient. Peut-être des compositeurs tels que Debussy furent pour Stokowski un idéal terrain de pureté car il n’est guère possible de rajouter ou retrancher quoi que ce soit dans cette diaphane dentelle orchestrale sans attenter aux équilibres. Voilà pourquoi nous osons proposer dans la Discothèque idéale de Qobuz cette compilation, dûment remastérisée par EMI, de quelques-unes des plus grandes pages de notre Claude bien d’chez nous. Pour les orchestres, ce sont le London Symphony Orchestra et l’Orchestre National de France, ainsi que l’orchestre « personnel » de Stoky pour le Prélude. Enregistrements de 1957 pour ce dernier et les Nocturnes, 1958 pour Iberia. Difficile de trouver plus sensuel, plus engagé, plus imagé, plus coloré. Oui, Stokowski aimait à jouer avec les bandes magnétiques et les potentiomètres, soulignant telle sonorité, mêlant telles autres ; mais après tout, un disque est un produit qui n’a rien à voir avec du « vrai » et, quitte à entrer en studio, pourquoi n’en pas faire usage. Dans le cas présent, les délicates manipulations du chef n’ont rien d’intrusif, bien au contraire. Très franchement, peu d’enregistrements de cette musique possèdent autant de détails, de teintes irisées, et l’on peut gager que Debussy en aurait été ravi.

Ps : l’orchestration du Clair de lune est celle de Stokowski, sans doute plus aventureuse que celle, plus connue mais bien plus sage, d’André Caplet. (SM)