Auri

Chronique

Auri est un nouveau trio initié par deux membres éminents de Nightwish, le multi-instrumentiste Troy Donockley et Tuomas Holopainen (claviers), et Johanna Kurkela, épouse de ce dernier et chanteuse bénéficiant d’une fort belle réputation en Finlande (son quatrième album, Hyvästi, Dolores Haze, s’est classé en tête des ventes en 2010). Mais, en substance, il se rapproche bien moins du groupe de metal symphonique réputé que du projet solo de Holopainen, Music Inspired by the Life and Times of Scrooge (d’après La Jeunesse de Picsou de Keno Don Rosa). Commercialisé en 2014, l’album rassemblait déjà les trois protagonistes autour d’une musique certes orchestrale mais surtout dominée par des influences traditionnelles celtiques. La démarche peut dès lors être aussi bien mise en parallèle avec celle de Mike Oldfield (à l’époque de Crises), de Clannad ou, plus récemment, de Blackmore’s Night, dans la mesure où elle ne se limite pas aux puristes, privilégiant une écriture plutôt pop et des arrangements folk-rock particulièrement soignés.

Sans aller jusqu’aux excès aguicheurs de The Corrs, le chant de Kurkela magnifie l’ensemble, se rapprochant ici de Sinéad O’Connor (Night 13, Underthing Solstice), là de Maggie Reilly (See), Enya (The Space Between), Lisa Gerrard (The Name of the Wind) ou ailleurs de Loreena McKennitt (I Hope Your World Is Kind). On est on ne peut plus éloigné du metal, la production grande classe oscillant entre le rock progressif des meilleurs heures et les formes d’ambient music (chill out ou psybient) les plus récentes, ou même de l’esthétisme et de l’éclectisme du mythique Dead Can Dance... Auri pourra aussi bien faire le bonheur des salons de massages qu’accompagner certains jeux vidéo, leurs concepteurs étant souvent friands du mélange des musiques qui remontent au Moyen Age (voir avant) avec des orchestrations de musiques de film saupoudrées d’un peu d’électronique de bon ton. © Jean-Pierre Sabouret/Qobuz