Anyhow

Chronique

Repéré dès le début des années 10 dans la nébuleuse de musiciens gravitant autour du groupe de post-jazz expérimental de Toronto BadBadNotGood (il n’entrera officiellement dans le groupe qu’en 2016, mais apparaît dès 2012 sur l’album BBNG2), le saxophoniste Leland Whitty signe avec Anyhow le premier disque sous son nom. Si l'on y retrouve les éléments de langage hypercontemporains qui font la signature sonore de BBNG (les autres membres du groupe figurent d’ailleurs sur l’album : Chester Hansen à la basse, Alex Sowinski à la batterie sur Silver Rain, Matthew Tavares, qui a quitté le groupe en 2019, au Fender Rhodes sur Awake), Whitty parvient à faire entendre sa voix. Non pas, comme on aurait pu le craindre, en recentrant la musique sur son instrument et en accumulant les interventions solistes, mais en apportant un soin encore plus maniaque à la composition et aux hybridations de textures sonores à la fois acoustiques, électriques et électroniques. Le jazz est présent bien sûr, sous des formes mutantes, mais c’est la dimension cinétique de cette musique qui surprend et séduit. Les compositions de Whitty, par l’étagement savant des plans sonores, la richesse et l’audace des orchestrations et de la production, la diversité des grooves, parviennent à se développer simultanément, à la manière de courts-métrages abstraits, à la fois sur un plan dramatique et dans une dimension clairement “atmosphérique”. Pour une première, un vrai coup de maître ! © Stéphane Ollivier/Qobuz